
Les enfants du quartier m’en font voir de toutes les couleurs. Les croche-pieds à la sortie du collège. Le chewing-gum sur mes pompes neuves. Les filles qui me déshabillent du regard sous la douche, et la surveillance passive des profs indifférents, qui rigolent bien dans leur coin.
Déménager sans cesse, venir de nulle part : ça paye mal. Ou alors seulement en claques que je me prends quand je rentre à la maison parce que mes vêtements de la rentrée tardive sont déjà déchirés.
Je rame en cours. Ma dyslexie me met des bâtons dans les roues, et le beau-père me roue de coups.
Alors, je n’ai que mon habileté à jongler, ma vitesse à dribler et ma force de frapper.
Je donne rendez-vous aux gosses du coin sur le grand terrain grillé. J’ai des envies de meurtres qui courent dans ma tête surchauffée. Je respire calmement et je ne fais qu’un avec le terrain. Je vais frapper fort mais sans violence. Je slalome et tente ma chance. Je les tuerai par mon adresse, et tous les buter à la loyale.
Le nouveau roi de la balle.